Les achats responsables : un engagement fort d’ERDF

L’entreprise s’est engagée à développer ses achats auprès des structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) et du secteur adapté et protégé.

Questions à Jean-Pascal Chiarelli, chef du département sociétal au pôle développement durable, ERDF

 Comment la politique développement durable d’ERDF  s’est-elle construite ?

Nous disposions jusqu’à présent de deux politiques distinctes : une politique environnementale et une politique sociétale. Il nous est apparu nécessaire en 2012 de disposer d’une politique qui conjugue les dimensions environnementale, sociale et économique du développement durable, une politique en résonance avec nos missions de service public et en lien étroit avec notre projet d’entreprise.  
Cette politique a été construite dans une réelle démarche participative : nous avons pris en compte les attentes exprimées par nos parties prenantes, mobiliser de nombreux collaborateurs et consulter tous nos salariés qui ont pu donner leur avis et suggestions.
Quelle place prennent les achats socialement responsables dans cette politique développement durable ?

C’est un engagement fort puisque nous voulons accroitre sensiblement nos achats auprès des SIAE et du secteur protégé et adapté. Les structures d’insertion et du handicap sont donc des interlocuteurs privilégiés pour nous aider à réaliser cet engagement ainsi que deux autres qui nous tiennent également à cœur : l’implication renforcée des structures de proximité et de médiation pour faciliter la relation avec les clients en situation de précarité énergétique et le recrutement de personnes éloignées de l’emploi.
Comment les achats socialement responsables s’intègrent-ils à votre politique industrielle ?

C’est un choix délibéré de notre part d’avoir placé la sous-traitance socialement responsable au cœur de notre politique industrielle. Celà se traduit vis-à-vis de nos fournisseurs par des procédures strictes de qualification, par des clauses de responsabilité sociale que nous leur demandons de respecter dans les contrats conclus avec eux, par des mesures visant à les faire progresser en matière de santé et sécurité au travail, par des audits RSE.


Nous avons également conclu en 2012 un accord social avec nos organisations syndicales qui porte sur la sous-traitance socialement responsable et qui reprend les mesures évoquées ainsi que notre engagement à développer nos achats dans les secteurs de l’insertion et du handicap.


Dans quel cadre faites-vous appel à des SIAE pour vos achats ?

Nous confions aux SIAE des prestations variées : cela peut concerner des travaux de débroussaillage ou d’élagage à proximité du réseau de distribution d’électricité, des travaux de remise en état, voire d’embellissement, d’ouvrages techniques tels que les postes de transformation, la surveillance de nos chantiers en complément de nos propres missions de contrôle. Dans d’autres cas, les SIAE peuvent également assurer une mission d’information et de médiation vis-à-vis de personnes rencontrant des difficultés en matière d’accès à l’énergie électrique. Les SIAE connaissent bien le territoire sur lequel elles sont implantées et sont donc de structures particulièrement bien adaptées pour assurer ce type de prestations.


Notre entreprise n’étant pas soumise au code des marchés publics, nous passons des marchés en gré à gré. Nous soumettons au préalable ces structures à un processus de qualification sous forme de marché-test ; ce processus est d’ailleurs identique pour tous nos fournisseurs. Puis, nous pouvons leur confier d’autres marchés à des conditions économiques qui correspondent au prix moyen pratiqué dans le secteur d’activité concerné.

Pouvez-vous détailler une action marquante de votre politique d’achats socialement responsables ?

Un projet ambitieux a été engagé en 2012 par la direction Méditerranée d’ERDF : attribuer à des structures d’insertion ainsi qu’à des structures du secteur adapté et protégé des marchés pluri-annuels d’élagage et de débroussaillage. Ainsi, 10 structures de l’insertion et 8 du secteur du handicap aptes à réaliser ce type de prestations se sont vues confier un volume global de travaux de plus de 900 000 euros. L’objectif en terme d’achats est d’attribuer de l’ordre d’un million d’euros par an sur la période aux acteurs de ces secteurs. L’ambition est également aussi de créer une filière d’insertion permettant le retour à l’emploi de plusieurs centaines de personnes.


Un autre exemple est celui de la convention que nous avons conclue en novembre dernier avec le Comité National de Liaison des Régies de quartier (CNLRQ). Cette convention s’appuie sur des coopérations déjà existantes et fructueuses avec les régies de quartiers parisiennes et vise à développer les services que les régies de quartier peuvent rendre aux Unités locales d’ERDF : la remise en état et l’amélioration de l’aspect extérieur d’ouvrages techniques tels que coffrets électriques en façade d’immeuble, les postes de transformation mais aussi l’information donnée aux habitants des quartiers, information relative à l’électricité et au rôle d’ERDF [voir notre article dédié ici, NDLR].


Comment mobilisez-vous en interne vos acheteurs pour les sensibiliser aux achats socialement responsables ?

Pour que les achats socialement responsables entrent dans les pratiques et soient pérennes dans le temps, il faut que nos collaborateurs  soient convaincus de l’utilité de faire appel à une structure d’insertion ou du secteur protégé et adapté en tant que fournisseur. C’est pourquoi nous communiquons beaucoup à l’interne de l’entreprise pour que notre politique industrielle, notre politique développement durable, notre politique handicap soient connues de nos collaborateurs et qu’ils en soient tous des acteurs.

Par ailleurs, au sein de nos huit directions inter-régionales, nous avons mis en place des interlocuteurs « développement durable » ainsi que des collaborateurs en appui des décideurs dans la mise en œuvre de la politique industrielle.

Comment pensez-vous développer les achats socialement responsables d’ERDF à moyen-terme ?

Le développement des achats socialement responsables passe à moyen terme par une connaissance plus fine des acteurs, un meilleur ciblage des types de prestations que l’on peut leur confier. Nous aimerions également encourager les structures à s’organiser en groupements lorsque nous les sollicitons, pour organiser les prestations par périmètres géographiques plus étendus. Ce serait un véritable facteur d’amélioration.

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